dimanche 25 janvier 2015

Chronique d'une journée ordinaire à Bruxelles, 22 janvier 2015


Apprécier à sa juste valeur la chance de pouvoir travailler en vieux jogging chez soi lorsqu’on est free lance.
Se dire tout de même, en début d’après-midi, qu’il faudrait passer un jeans propre pour sortir vaquer à quelques occupations administratives.
Constater qu’on n’a plus de jeans propre dans l’armoire.
Contempler d’un œil morne le tas (que dis-je le tas, la montagne, l’Himalaya) de lessive entassée à la salle de bain.
Décider d’entreprendre les travaux et se mettre à trier par température, couleur, matière…
S’emparer de la pile la plus urgente, celle qui contient les jeans, avec l’intention de l’enfourner dans le lave-linge.
Découvrir que le lave-linge est déjà plein et avoir une pensée émue pour son compagnon cuisinier qui a ramené hier soir ses torchons et tabliers du boulot pour les mettre à laver durant la nuit.
Constater qu’il est à l’arrêt (le lave-linge, pas le cuisinier), cuve pleine, porte bloquée.
Pousser un certain nombre de jurons que la décence m’interdit de reproduire ici, puis avec un grand soupir, s’emparer du mode d’emploi du lave-linge.
Découvrir au passage avec soulagement que le lave-linge est encore sous garantie jusqu’au mois de mars, « au cas où »…
Se décider à vidanger la cuve manuellement pour voir, comme le recommande le mode d’emploi, s’il n’y aurait pas quelque chose de coincé du côté du filtre…
Chercher (et finir par trouver) un seau, constater qu’il est trop haut pour y introduire le petit « tuyau de vidange manuelle en cas d’urgence » (dixit le mode d’emploi).
Chercher un autre récipient et finir par se dire que le plat à fruits fera parfaitement l’affaire.
Entamer la vidange manuelle en transvasant au fur et à mesure le contenu du plat à fruits dans le seau pour ne pas avoir à faire quinze fois le trajet jusqu’au lavabo le plus proche.
Avoir une pensée émue pour son compagnon cuisinier en contemplant l’eau sale, grasse, puant la vieille friture qui s’écoule par le fameux « tuyau de vidange manuelle en cas d’urgence ».
Se souvenir en se relevant avec le seau plein d’eau à la main qu’on souffre depuis des années d’un problème récurent au dos et se dire qu’il eût mieux valu se relever d’abord et s’emparer du seau ensuite.
Trimballer vaille que vaille le seau jusqu’au lavabo, le soulever en ahanant et se dire qu’il eût également mieux valu vider le plat à fruits au fur et à mesure.
Constater, en vidant le seau, qu’après avoir menacé pendant des jours cette fois ça y est le lavabo est définitivement bouché.
Se demander s’il vaut mieux interrompre l’opération sauvetage du lave-linge pour déboucher le lavabo ou s’il vaut mieux terminer ce qu’on a commencé.
Hésiter.
Se décider à terminer l’opération lave-linge.
Avoir une pensée émue pour son compagnon cuisinier en constatant qu’un gant en latex jetable, comme ceux que mettent les cuisiniers pour se protéger lorsqu’ils se sont coupés, bouche le filtre.
Décoincer le gant en latex jetable entortillé autour du filtre et tout remettre en place.
Éponger l'eau qu'on a renversé en effectuant la vidange manuelle.
Garder son optimisme et se dire que le problème est résolu sans avoir à faire appel à un réparateur.
Avoir une pensée émue pour son compagnon cuisinier en relançant un cycle de lavage complet de son linge professionnel et se dire que l’on peut sortir avec son jeans sale un jour de plus.
Se munir d’une clé à molette et s’attaquer au problème de l’évier.
Avoir une pensée émue pour son compagnon cuisinier en constatant que divers cotons-tige, protections plastiques de lames de rasoir et un petit bouchon de son déo préféré nous narguent du fond du siphon.
Revisser le siphon débouché, tout ranger, éponger, laver le plat à fruits et se dire qu’on remet à demain l’escalade du tas de lessive.
Avoir une pensée émue pour son compagnon cuisinier en étendant le linge professionnel qu’il a lavé à la maison et dont il n’a pas eu le temps de s’occuper ce matin avant de partir au boulot.

Décider de remettre à demain les questions administratives et aller faire une sieste.

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